Pick-up écrasé à Papeete : le Pays devra verser 700 000 francs


Tahiti, le 19 novembre 2025 - Le 30 juillet 2024, un arbre tombait sur le pick-up d’Albert et Anita sur l’avenue du Prince Hinoi à Papeete, sans les blesser. Aujourd’hui, le couple demande au tribunal administratif de condamner le Pays à leur verser plus de 9 millions de francs pour le préjudice matériel et moral. Ce mardi, le rapporteur public a largement revu cette somme à la baisse, tenant compte de la valeur réelle du véhicule et de l’impact psychologique de l’accident, et propose une indemnisation totale de 700 000 francs. La décision sera rendue le 2 décembre.
 
C'était il y a un peu plus d'un an. Le 30 juillet 2024, Albert et Anita circulaient sur l’avenue du Prince Hinoi à Papeete lorsqu’un arbre planté sur le terre-plein central s’est abattu sur leur pick-up. Fort heureusement, le couple n’a pas été blessé mais leur véhicule a été détruit.
 
Ce mardi, le tribunal administratif examinait leur demande d’indemnisation. Les deux victimes réclament plus de 9 millions de francs, soit un peu plus de 5 millions de francs pour Albert et 4 millions pour Anita. Ils se basent ainsi sur le coût des dommages évalués par le rapport d'expertise d'assurance. Mais si le véhicule était encore en bon état de marche, il était ancien, comme l'a souligné le rapporteur public, et sa “valeur de remplacement” est évaluée à 400 000 francs. “Le préjudice matériel doit être évalué selon cette valeur vénale du véhicule”, a-t-il souligné, faisant ainsi la distinction entre le montant estimé par les assurances et la valeur économique réelle des biens.
  Évaluation du préjudice moral et responsabilité de la Polynésie   Le traumatisme psychologique des victimes a également été pris en compte. Anita a présenté deux arrêts de travail totalisant dix-huit jours et un rapport médico-légal faisant état de “ruminations anxieuses, flash-backs, épuisement psychologique, troubles du sommeil et conduites d’évitement”. Albert bénéficie lui aussi d’un suivi psychologique et le rapporteur public a estimé leur préjudice moral à 300 000 francs, soit 150 000 francs chacun. Au total, le Pays devra donc leur verser la somme de 700 000 francs.
 
Au-delà des chiffres, la question de la responsabilité était centrale. Le rapporteur rappelle que “la responsabilité sans faute de la Polynésie française est engagée dès lors que les requérants doivent être regardés comme des tiers à cet ouvrage public”. L’arbre, implanté sur le terre-plein central, relève des dépendances d’une voie routière territoriale, dont la gestion incombe à l’administration en charge de l’équipement.
 
Cette affaire, qui suit de près le tragique accident de la veille ayant coûté la vie à un automobiliste, rappelle à quel point la chute d’un arbre peut être dangereuse. Même lorsqu’elle ne provoque pas de victimes, elle peut causer des dégâts matériels et un traumatisme psychologique réel. Elle souligne aussi l’importance d’un entretien rigoureux des arbres et des dépendances routières, et illustre la prudence avec laquelle la justice évalue les indemnités, en ajustant les montants aux dommages réellement subis plutôt qu’aux estimations initiales. Décision attendue le 2 décembre.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 19 Novembre 2025 à 12:24 | Lu 7820 fois